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Sécu Surface I

(Arthur, ses cousines et ses tantes)

2016

 

installation à dimensions variables

carton, bois, papier non tissé imprimé, cire 

Pris Mezzanine Sud

Les Abattoirs, Toulouse

Production : Les Abattoirs,

                   Frac Midi-Pyrénées

                   et le CIC Sud-Ouest

                

                 

                    

   "Aux Abattoirs, Lou-Andréa Lassalle met en scène notre monde dans un décorum architectural saturé de motifs de têtes coupées, reliées entre elles par leur chevelure, qui tissent le récit d’un monde entre les vivants et les morts. La pièce est presque vide, le décor s'installe par la dissémination des têtes qui se répandent sur les murs. Un bateau dans la tempête vient en écho compléter cette Cosmogonie qui se fonde sur les visages de la famille de l’artiste.

Un trompe-l’œil de têtes coupées sur un papier peint, une tête voguant sur un bateau ou sous le bras d’un gardien, autant de symboles qui renvoient à la figure classique de la décapitation. La mythologique Judith tenant la tête d’Holopherne, la décollation de Saint Jean-Baptiste, Botticelli, Mantegna, Cranach, Titien, Caravage… de la Terreur aux têtes réduites des Jivaro, des cultures précolombiennes Maya où la décapitation de l’ennemi était une précieuse offrande aux dieux à la tête coupée, trophée de guerre qui renvoie à la triste actualité de la barbarie terroriste. L’œuvre de Lou-Andréa se nourrit de ces récits issus de l’histoire et de notre actualité.

 

  

   Lou-Andréa avec surface sécu nous plonge profondément sous la surface de la représentation, à la recherche de l’horizon. Son dispositif immersif au-delà du réel, une mise en scène théâtrale et cinématographique traduisant son espace mental font régner une inquiétante étrangeté..."

Le soir du vernissage la tête était confiée aux sœurs, à la mère et la tante de l'artiste.

Elles se la sont passées de main en main durant toute la soirée en une performance dont la seule consigne était qu'elles ne puissent la poser que dans les bras d'une autre (la poussette de sa nièce étant la seule parade tolérée) :

Recherches pour le papier peint :

« Sécu Surface » est un terme de plongé sous marine, mon cousin Arthur nous appelle souvent quand il est en mission de « sécu surface », c'est a dire seul sur le bateau en pleine mer, à surveiller l'horizon et la surface quand les autres sont en train de plonger. Vérifiant qu'un bateau ne passe au dessus de ceux en palanqué il est aussi là pour réceptionner un plongeur au cas ou il ait eut un problème sous l'eau. Le danger peut arriver du dessus comme d'en dessous.

Pour l'instant tout le monde est sous la surface et lui s'ennuie sur le bateau tout en restant aux aguets.

Et puis bien sur ça fait écho à « l'état d'urgence » à cette question de la « sécurité intérieure », à tout ces dispositifs sécuritaires, fan zone et endroits ou on peut se rassembler entourés par la gendarmerie, cette présence policière qui se voudrait rassurant et peut devenir rapidement une menace durant les manifestations ou les interpellations,,,

 

Bien sur que ça appelle cette sécurité, cette peur , cette angoisse en ce moment je pourrai te parler de mes élucubrations symboliques mais elles ne sont que des mises en rapports, des rhizomes, des choses qui se frottent et semblent vouloir faire sens mais je ne leur donne pas de fondements, je ne suis pas celle qui donne une réponse du tout à ces signifiants qui discutent entre eux. C'est comme si je faisais des plis et des nœuds avec des éléments qui semblent créer un habit mais qu'on ne peut pas mettre.

Ce symbole de la tête coupée, tranchée, qui fut longtemps un sujet de peinture biblique très usité, très peint, est aujourd'hui le symbole de la barbarie terroriste, leur vidéo et photo de leur tête en trophée, de cette cruauté,cette peur, cette menace qui rode.

Il est aussi celui de la révolution française, ce pouvoirs que le peuple a renversé, création des droits de l'homme, de notre démocratie actuellement malade...

Qu'est ce que ça fait de confronter ces deux images aujourd'hui en utilisant les gens de ma famille pour le rejouer, un peu comme une farce ... ça je n'en sais rien, je trouve que ça fait sens et que ça peut créer des histoires mais je ne sais ni quel sens, ni quel histoire...

Mettre ma tête sur un bateau, celui qui porte le nom de mon cousin « Arthur » sur sa coque, échoué dans un bassin rectangulairement propre. Ce Arthur qui peut lui même être signifiant de conte et légende ou même d'utilisation d'un fausse histoire romanesque pour rassembler et créer une identité au peuple anglais en période de constitution d'un Royaume Unis.

Un visage qui ressemble à ceux, martyrs ou bourreaux, des impressions sur les murs. Qui en partage les trait morphologiques et qui peut peut être rappeler ces mers et océans remplis de morts sans visages fuyant la guerre, les tortures, la misère... oui ça peut le rappeler, mais ça peut aussi être l’ego de l'artiste, son voyage sysiphien dans un océan sans fin ... ou un personnage fantastique, une chimère odysséenne... ou le résidu d'un meurtre. Une mythologie, un bateau fantôme et vivant qui fait écho au scène que l'on a dans le trompe l’œil et le papier peint.

Il y a une idée de mort, qui rode, de meurtre tragi-comique. C'est le décors d'un théâtre intérieur qu'on rejoue en famille comme une grande farce. Tout cela construit essentiellement avec des éléments de décors, des éléments du faux semblants, le tout en carton pâte et avec un abus baroque de signes, de formes et de couleurs, une surabondance de signes, de décorum qui en lui même contient des éléments de lecture et de stabilité de cette histoire confuse.

 

Cette exposition peut mette le spectateur en situation de film d'horreur, cette scène où le personnage essai de fuir une scène affreuse, il se retrouve dans un environnement calme qui au premier abord s'avère plus serein, la lumière y est douce, ou peut être qu'il fait noir, il allume une lampe de chevet, il semble à l'abri, puis son regard est capté et il se retrouve soudain devant une autre scène affreuse, et encore une autre, partout des morceau de corps ou de signes qui lui rappelle la situation dramatique dans laquelle il est. Ou bien tu sais bim il voit une poupée qui sourit, là une perruque miteuse, là un animal empaillé dans des plans serrée aux visions en flash. Il y a une tête sur le rebord de la fenêtre, cette même tête est sur le bateau, des cheveux flottants, les murs sont couverts de symbole de femmes au long cheveux se décapitant l'une l'autre, les statues reprennent ce même motif derrière elles ce bateau... Mon spectateur se retrouvera chaque fois devant ce symbole de la tête coupé, les filles sont en train de se trucider entre elles, une famille s'amuse à se trancher la tête, avec des petit sourire sereins... le perdre dans le motif.

 

J'ai demandé à Marie et Claire de modeler mon visages, avec des séance de pause, je ne voulais pas de moulage, je voulais une interprétation des traits. Pareillement j'ai fait poser ma mère et sa sœur, ma tante, et à partir des photos j'ai dessinée ce qui est devenu le motif du papier peint. Enfin j'ai fait poser mes deux sœurs et Benjamin travaille à partir des photos pour en rendre un trompe l’œil en statue. C'est un protocole d'interprétation autour de nos visages qui se recoupent chacun, qui se ressemblent, ces traits qui font que chacun nous reconnaît appartenir à une même famille. Du côté maternel nous ne savons expliquer pourquoi mais nous nous 'ressemblons' tous, les personnes qui nous rencontrent ne peuvent que nous identifier, insistent sur nos ressemblances, aussi j'aimerai que ce trouble apparaisse aussi pour le spectateur, sans qu'il soit informé des parentés des modèles. Et s'il ne le détecte pas ce n'est pas grave, les situations de poses, celle de gènes, ce que ça produit dans mon cercle familiale de les mettre ainsi en scène et de les soumettre à mes élucubrations esthétiques ne doivent rester que le background, la chimie inconnues, ne doit en rester que le résultat. Je ne voudrai pas que l'on affirme que ce sont ici 'mes sœurs' ou 'ma mère'. Cette histoire n'est racontée qu'à l'orale ou en confidence comme un récit sans écriture, une mythologie non officielle qui se transmet en sous-main et n'est visible que par les interprétation que l'on peut faire des titres comprenant chaque fois les prénoms.

Il y a un anecdote que raconte l'artiste Gregor Schneider qui m'a marqué depuis quelques années et que je garde sans cesse en tête. Il a pris une photo derrière chez lui, ce sont les racines d'un arbre, il raconte qu'à cette endroit un drame a eut lieu, il y est question d'une attaque sur une jeune fille si je me souviens bien. Il dit qu'il n'est pas nécessaire de connaître le drame pour que l'image en soit chargée, qu'elle ne transparaisse pas n'a pas d'importance. Il y a quelque part dans une dimension la présence de ce drame et celle-ci fait de ce lieu un endroit spécial . Il parle d'une mémoire non-connue mais présente et il digresse sur certaine partie de son travail, celle qui lui fait recouvrir de parois les pièces de sa propre maison. Il construit des murs sur des murs réduisant peu à peu chaque pièce mais le spectateur ne voit au final qu'un seul mur si bien qu'il pourrait penser qu'il n'y en a qu'un. Mais Schneider fait la différence entre un seul mur et un mur arrivé à cette distance dans la pièce par recouvrement, paroi sur paroi, et chaque couche de mur porte sa temporalité et sa mémoire. Il affirme ainsi que le sentiment en face de ce mur, sans connaissance du passé ou des antécédents de construction est différents selon qu'il est simplement un mur ou le recouvrement de plusieurs autres invisibles.

Sécu-Surface I (Arthur, ses cousines et ses tantes), 2016

installation à dimensions variables, carton, bois, papier non tissé imprimé, cire

Prix Mezzanine Sud, Les Abattoirs Toulouse

Performance Vernissage : la tête était confiée aux sœurs, à la mère et la tante de l'artiste,la seule consigne était qu'elles ne puissent la poser que dans les bras d'une autre.

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