top of page

Lou-Andréa Lassalle est née en 1987 à Toulouse et vit actuellement entre Caylus et Bordeaux.

Elle obtient son DNAP à l’École des Beaux Arts de Toulouse en 2008 et son DNSEP en 2011 à l’École Beaux Arts de Bordeaux.


 

Lou-Andréa mène un travail personnel faisant évoluer des personnages fictifs inspirés des réels qui composent sa famille, à chacun étant attribué des éléments architecturaux qui construisent ensuite ses œuvres. «Il y avait la mère représentée par une maquette de cité ouvrière, la fille par une serre industrielle, ou encore le cousin par un blockhaus. Chacun incarné par un référent architectural - illustrant de façon plus ou moins métaphorique un trait de caractère, un passe-temps, ou encore une obsession. Ensemble, ils composent une organisation parfaitement hiérarchisée que Lou-Andréa Lassalle nomme sa Cosmogonie.» (extrait texte de Solenn Morel)

Ce travail là se joue entre plusieurs médium, beaucoup de carnets de notes, de croquis très soigneusement exécutés, des maquettes, des environnements 3D, certains visibles sous lunettes de réalité virtuelle. Il peut aussi se traduire en sculptures, en installation dans lesquelles on peut pénétrer ou même dormir tel que « Le prisme ou Félix I », œuvre pérenne, refuge périurbain sur la commune d'Ambares.

Depuis 2012 au delà de sa famille elle a décidé d'investir aussi son village natal, où vivent toujours une partie des membres de la Cosmogonie, pour lequel elle développe une communauté, une tribu. Une société secrète de masques égrainants leurs attributs, leur costumes et symboles au fil de collaboration avec différents artistes et artisans de milieux disparates tel que musique, poésie, cinéma, graphisme, chants, contes... Le Caylus Culture Club se déploie dans toutes ses potentialités performatives et créative autant que sémantique.

Au plus près

 

Travailler au plus près de soi. Au plus familier. Lou-Andréa Lassalle est une artiste dont les œuvres se nourrissent de ce qui l’entoure, et parmi ce qui l’entoure, en particulier, des gens qui lui sont proches. A la manière d’un romancier qui prélève, ici et là, chez l’un un trait de caractère, chez l’autre un geste, pour les intégrer dans un même personnage, Lou-Andréa Lassalle absorbe amis, voisins et membres de sa famille dans un grand récit fictionnel, dont la complexité n’a rien à envier aux grandes sagas dynastiques, et qui lui donne depuis plusieurs années la matière dont elle tire la plupart de ses pièces. Consignée dans des carnets, c’est une constellation de personnages aux types à la fois contemporains (« Félix est un survivaliste ») et empruntés à de nombreuses sources mythologiques. Un monde très féminin, au firmament duquel semble rayonner la figure de « Maman », sans doute parce que, comme l’explique l’artiste, elle a donné son visage à toutes ses filles.

 

Par son prénom, Lou-Andréa Lassalle propose d’entrée de jeu une figure d’identification, celle de Lou-Andréas Salomé, brillante femme de lettres du XIXe siècle à l’énergie dévorante ; mais aussi, par association, la figure biblique de Salomé, princesse sanguinaire qui obtient, parce qu’elle le désire sexuellement, la tête coupée de Saint Jean-Baptiste sur un plateau. Aux Abattoirs de Toulouse, l’artiste fait ainsi circuler entre les invités sa propre tête coupée, et s’amuse de la confusion que fait naître la présence de ses sœurs pendant le vernissage. Il est tentant d’imaginer toutes sortes de scénarios d’interprétation (quand on sait que, chez Freud, l’ablation d’un membre équivaut à la castration, on peut se demander si ce désir de couper la tête à toutes les femmes de sa famille n’est pas à l’origine d’un besoin de se démarquer d’une fratrie trop soudée, ce que Lou-Andréa aurait réalisé en devenant artiste ?... ), mais peut-être cela fait-il déjà partie des plans de l’artiste.

 

Artiste boulimique, à l’énergie débordante, qui me rappelle celle de Niki de Saint Phalle , Lou-Andréa Lassalle semble se donner son désir pour seul guide. Plusieurs de ses expositions reposent sur la construction de maquettes ou d’architectures réduites à partir de matériaux pauvres : carton, parpaings, tasseaux de bois. C’est son immense envie de créer qui guide à la fois sa main (l’artiste est véritablement engagée physiquement dans son travail) et son esprit, qui emprunte joyeusement toutes sortes de formes de l’art du passé : théâtres antiques, temples, cathédrales, usines modernes, constructions foraines. Parfois tout cela en même temps, concentré à l’extrême en un seul masque que l’artiste porte ou fait porter lors de cérémonies qu’elle met en scène avec la même jubilation.

 

Eclectisme : ce terme s’applique particulièrement bien au projet que Lou-Andréa Lassalle mène à Caylus et qui peut se comprendre comme la matrice de tout le reste. Caylus est le petit village pittoresque du Tarn-et-Garonne où a grandi l’artiste (et donc, où vit toute la dynastie des Lassalle). Comme toutes les campagnes françaises, il est profondément bouleversé par les changements démographiques que l’on connaît : veillissement de la population, fermeture des commerces, arrivée de nouveaux habitants, tourisme... C’est là que l’artiste expérimente un projet collectif mais néanmoins personnel, multiforme bien que précis, exigeant tout autant que populaire, et qu’elle intitule le « Caylus Culture Club ». Il s’agit de réinventer de toutes pièces une véritable culture locale, faite de symboles, de chants, de contes et d’histoires en tous genres capables de fédérer une petite communauté, en partant d’un principe de collaboration avec les habitants tout autant qu’avec des amis artistes. Au plus près, au plus familier, Lou-Andréa Lassalle travaille avec l’humain. Et se demande, comme le font nos politiques, mais avec sa grande intuition d’artiste, comment préserver l’âme des lieux que nous aimons, en amenant, par la culture, les habitants de son village à partager quelque chose de commun.

 

 

Camille Azaïs

       End of Year Show II

 

      Lou-Andréa Lassalle est l’artiste invitée pour cette troisième édition du Noël de l’Art, parcours d’art contemporain dans le centre-ville d’Embrun. À cette occasion, elle a conçu une série d’expositions intitulée End of Year Show II, qui se déploie dans des boutiques, fermées durant cette période hivernale, ainsi qu’un spectacle à l’Arsenal de Mont-Dauphin, Les Brûleurs de Dauphins. Mais nouveauté cette année, ce projet a été mené dans le cadre d’une résidence d’artiste en milieu scolaire à Embrun et Eygliers. Les réalisations présentées sont ainsi le fruit d’une étroite collaboration entre l’artiste et les enfants qui ont participé à ses ateliers.

 

       Début octobre, elle arrive dans les Hautes-Alpes et entame une série d’interventions auprès de deux classes primaires à Embrun et d’une classe à Eygliers. Elle commence par leur présenter une série d’images collectées d’Embrun et de Mont-Dauphin, quelques esquisses, et l’amorce d’une histoire : la reconstitution d’une bataille entre des loups et des dauphins. Sous cet angle fantastique, l’artiste invite ses interlocuteurs à regarder autrement le patrimoine architectural qui les entoure. Comment tel édifice, telle porte, tel ornement, tel bas-relief, telle fontaine, qu’ils croisent quotidiennement, peuvent ainsi devenir le décor d’un récit imaginaire.

 

      Les choses commencent souvent ainsi dans le monde parallèle qu’élabore minutieusement Lou-Andréa Lassalle : par la rencontre du réel et de l’imaginaire, par la rencontre d’un territoire et tout ce qui le compose - son histoire, son architecture, ses légendes - avec des personnages symboliques et leurs fantômes qui viennent l’investir le temps d’une exposition ou d’une performance. End of Year Show I, littéralement le spectacle (ou l’exposition) de fin d’année, réunissait déjà en 2012 une galerie de portraits, représentés à travers des maquettes d’architectures et des éléments de décor. Une réunion de famille en somme, comme il s’en organise un peu partout à cette période de fin d’année. Il y avait la mère représentée par une maquette de cité ouvrière, la fille par une serre industrielle, ou encore le cousin par un blockhaus. Chacun incarné par un référent architectural - illustrant de façon plus ou moins métaphorique un trait de caractère, un passe-temps, ou encore une obsession. Ensemble, ils composent une organisation parfaitement hiérarchisée que Lou-Andréa Lassalle nomme sa cosmogonie.

 

        Pour End of Year Show II, les membres de sa famille cèdent pour la première fois la place à des créatures mi-humaines, mi-animales : des dauphins tractant des chars ou encore des loups arborants de somptueux costumes par exemple - traduisant cette manière dont les enfants dessinent ou figurent naturellement les animaux avec des attributs humains.

 

          L’animisme vient ainsi naturellement prolonger l’anthropomorphisme dans ce projet. Les êtres continuent bien-sûr d’être figurés par des objets, des fragments d’architectures, des morceaux de décors, mais les animaux, et leurs projections fantasmées rentrent en scène. Reprenant des dispositifs propres au théâtre - larges panneaux verticaux, éclairage rasant, superposition de tableaux colorés - les expositions de Lou-Andréa Lassalle ressemblent à des décors de spectacle sans spectacle. La narration ne l’intéresse guère, alors même que la fiction motive chacune de ses représentations. C’est là peut-être que réside toute l’ambiguité de sa démarche : inventer des systèmes extrêmement complexes de co-existence entre des personnages précisément décrits, en maintenant possibles toutes tentatives d’interprétation.

 

                                                                                             Solenn Morel

 

 

        Résidence Pollen

 

Lou Andréa LASSALLE nourrit son travail de références littéraires, philosophiques, théologiques,   cinématographiques ou ethnographiques. Il en ressort une conjugaison personnelle qui en mêlant maquettes, croquis, plans, carnets, installations, et sculptures ouvre les portes d'univers utopiques tels des sociétés fantasmées  ....

 

Son travail décline un « vocabulaire » se situant entre l’architecture et la «théâtralisation»

 

« mes recherches m’ont menées vers les fabriques de jardin et vers les « folies », ces  constructions à vocation ornementale prenant part à une composition paysagère au sein d’un parc ou d’un jardin . (…) Ces « anachronismes décoratifs » m’ont amené à considérer le jardin à l’anglaise comme un modèle intéressant de mise en scène jusqu’à ce que je découvre, par leur biais, les principes de construction de l’espace du jardin  à la française, aux compositions  riches et complexes …) Il y a là une capacité à s’extraire de la référence existante pour construire une nouvelle façon de percevoir l’espace qui est venu enrichir mon travail (…). Les théories stratégiques d’aménagement du jardin à la française m’offrent un terrain de jeux idéal pour expérimenter les échelles et les compositions entre éléments indépendants. Je cherche désormais, non plus à travailler un « édifice », mais un « tout», ordonné, travaillant sur les rapports du corps dans un espace contraint mais étendu" (L. Andrea Lassalle)

 

Attentive à la bastide de  Monflanquin, à son passé médiéval autant qu'à sa réalité contemporaine Lou Andréa Lassalle a conçu une sculpture- fontaine carrelée  ambulante qui évoque autant les  camelots d'autrefois qu’un « folklore» factice que pourrait produire une animation touristique ...

 

Son projet résonne avec la transformation  virtuelle en 3 D, de Pollen en un archétype de restaurant-pizzeria dont le décor fait la synthèse des données architecturales, culturelles,   historiques et commerciales…

 

                                                                                              Denis Driffort

   Maman Maniériste III

 

   " Notre village concentrait le monde, embrassait le domaine pour s'y fondre. Il avait l'orgueil ­des paysages contrôlés et des utopies qui jouissent d'être de ce futur qui n'existera jamais. Dans ces espaces immunitaires, dans nos chaudes cellules de cultures, nous allions agir ensemble et partager nos limites, nos pudeurs, les musicalités de nos corps et de nos réveils.

       L'homme social se socialisait dans un bloc socialisant et nous dormions ensemble. Un couloir, puis un autre encerclé nos activités, le temps se répétait et nos vies se fondaient dans cette grande construction. Une architecture s'était greffée à une autre, c'était superposé à ces jardins d'eau noire et à leurs allées perpendiculaires. Elles avaient un centre autour duquel nous respirions. Elles étaient les directions qui traversaient les tangentes à notre cercle.

      Cette marche avait-elle un sens ? Nous y croyions. Nous pensions que dans ces lenteurs temporelles nous ne serions plus jamais seuls. Alors que ce temps suivait sa norme, il s'était modifié pour nous. Et tous nos gestes et toutes nos pensées et toutes nos mémoires s'endormaient dans la chaleur des machines, dans le brouhaha des claquements de tous nos os. L'homme de la nuit, au travers de sa fenêtre, penché sur le réveil du rêve, étudiait le paysage. Il entendait des dames soulever le métal, jouer avec les moteurs. L'huile coulait et se perdait et elles étaient apparues toutes comme elles étaient, elles, les petites morts, les seules. Il aurait fallu les regarder, ces ombres d'ombres, collantes comme un désordre trop bruyant dont on ne se débarrasse que très peu. Peut-être que notre nulle part était le présent.

       Nous n'avions pas de marche dirigée, c'était des assemblages de petites choses minutieuses, mais rien ne nous appartenait. Ces jardins nous faisaient penser aux cendres des derniers châteaux, du tout dernier temps des tout derniers voyage. Nous avancions dans ces décors remplis de désert. Nos courses et nos pauvres buts devenaient l'eau vitale, l'énergie que nous voulions conserver et qui se perdait dans les secondes de ce temps lâché. Comme dans ces rêves où nous étions entrés lassés et exhaussés, nous cherchions à conserver notre vivacité et comme ces moines guerriers et totaux, nous aménagions notre longévité.

       Nous pensions souvent à ces hommes de méditations qui stoppaient le cour de leur temps et travaillaient à la douleur physique dans le presque rien du mouvement. Nous aussi, nous serions spirituels, nous aussi, nous serions des évadés. Nous voulions que nos actions ne s'épuisent pas, que nos objets s'agitent et se changent.    

       Nous étions en train de nous engager dans une relation intense avec la nature. Et nous n'étions plus romantiques, et nous n'allions pas mourir sur le bord d'une chaussée. Dans un magma de signes, plus ornementaux des uns aux autres, nous choisissions la simplicité. Il n'y avait pas d'attente à notre propre changement et nous restions là, las, comme ces enfants adolescents, à croire et vouloir et nous nous privions de savoir. Notre temps était précieux, à chaque pas nous frôlions la minute suivante, sur nos lits tombaient les fleurs des instants fanés. La minute de phrase était derrière nous, notre temps était précieux ou peut-être qu'il était comme un minable au bout d'une grande blessure et c'est dans une grande précision que nous marchions à vif. 

        Nos chairs sculptées autour des assemblages, nous montions aux balcons nous figer, méditatifs, en roches amoncelées, par couches, strates puis étages. Nos actions se berçaient de lourds mots et de longs fardeaux qui sonnaient plus joliment aux oreilles, et les vieux nous disaient que nous devrions rester muet. Nous ne nous comprenions que très peu, comme si nous les avions perdus, ils se rassuraient dans l'ignorance, comme si on ne savait plus y croire.

 

                                                                                                       Anaïs Garcia

Maman Maniériste III

 

"Ou pour une meilleure compréhension des projets architecturaux pour Ouistitis en zone inondable.
 

Jonché sur une canopée de tasseaux dont le nombre n’a d’égal que sa précarité, la performance de cet édifice en équilibre à l’altitude de 105 cm au-dessus du sol en béton armé de la galerie, n’est pas sans rappeler l’imagerie de certaines sagas bien connues de la littérature heroic fantasy.

Les façades néo-gothiques blanches contrastent avec les profondeurs lugubres des bassins à la française dont elles émergent avec aplomb.
Ces eaux noires, dont notre imagination fait grouiller les âmes d’anciens micro-citoyens s’éclairent çà et là grâce à des montages électroluminescents aussi fragiles que convulsifs.

Tout est cohérent dans la tête de cette génitrice maniériste, la nature est orthonormée, l’architecture n’est plus que le vestige ou projet d’un style déchu. Le bon vieux souvenir réconfortant d’un jouet gigantesque devient un purgatoire, un voyage introspectif sans fin : les limbes.

Peut-être ne faut-il pas se laisser gagner par la mélancolie en imaginant cette installation comme une fin en soi mais comme la partie n°3 de ce grand projet qu’est l’œuvre protéiforme et insulaire de Lou-Andréa Lassalle. Cette œuvre qu’elle n’a de cesse d’augmenter, de compléter par des objets performatifs monumentaux ou d’autres plus contemplatifs à observer au microscope à balayage.
On ne peut pas toujours chercher à se réfugier dans le cartésianisme des Lumières, organiser un univers qui déborde requière un débordement des organisations.

MAMAN MANIÉRISTE III est une structure vivante, pensante, croissante et dégénérescente. C’est un embryon déjà vieux flottant dans son jus et dont les racines se développent telle une mangrove dans tous les substrats de la culture."

 

                                                                                                                                                       Marc-Henry Garcia

Symposium 2, seconde expérience


Les lumières sont déjà éteintes quand vous entrez dans la salle, vos yeux font un effort pour distinguer de faibles lueurs et vous apercevez autour d'une table trois femmes assises, le visage caché par d'imposant casque-maquettes, encastrées dans la table, faisant corps avec cet inox froid, et qui lentement dans la pénombre se mettent à s'activer machinalement.
Les trois soeurs, les trois moires, tissent le fil de la vie, jouent avec. Elles sont reliées par une véritable architecture contraignante qui les rendent prisonnières des liens qui les unissent, et qu'elle continuent de tisser. On se retrouve au coeur d'un complot de sorcières unies par une rivière de Coca Cola, véritable fleuve de vie, transfusion à bulles chimiques, sang artificiel; symbole familial, graal de l'enfance. Cette union symbolique par le fluide évoque des films cultes de jeunesse, qui n'a jamais rêvé un jour de faire de la magie et d'être secrètement une sorcière. Ces histoires d'étudiantes déguisées qui invoquent les esprits et s'unissent par les liens du sang, ces confréries nocturnes qui se réunissent dans les sous bois pour boire le vin du péché, ces sectes romancées qui se passe la coupe du diable pour être ensemble et contre tous. Le communautarisme identitaire par la passation d'un liquide sacré. Du Coca Cola et de la nicotine, contre toute attente de vie sage, les trois moires fument et jouent avec leur vies. L'épais brouillard des cigarettes remplit la scène première de Macbeth.

On assiste à une consécration judéo-chrétienne, un cauchemard éveillé qui mystifie le cercle familial dans un mouvement répété à l'infini. Une sorte de refrain en boucle d'un rituel clos. On assiste à des dynamiques internes de jeu de pouvoir, l'une tient le fil passivement, l'autre crée des images avec et l'autre le brule pour le couper. Le désoeuvrement, la création, la destruction, différents stades qui produisent des oeuvres.
Au centre le Blob cake, qui fait blurp quand on lui donne du Coke et qui vient le recracher. Ce rejeton organique mi gâteau mi chair à vif Cronembergien, est un véritable monstre nourrit au fluide du mal. Il a presque le hoquet, il en dégouline. Le cerveau des trois femmes semble matérialisé dans cet immonde bubble gum avarié mi alien-mi clafoutis.  Il est la boule de cristal, il est le monstre qui absorbe la vie, il est la coupe qui reçoit le sang , le calice dégénéré d'une sororité désenchantée. Il est là au milieu, stratégiquement placé, ce récif rocailleux et gluant ou vient s'écraser la mer intérieure de Coca, ce lieu informe, ce volcan rose.
Les trois femmes portent sur leur têtes leurs prisons dorées étriquant leur cervelle paralysée dans leur instance de pouvoir, des maisons labyrinthes où la seule issue est encore de faire le tour en se regardant de l'extérieur, des cellules architecturales contenant des éléments décoratifs qui symbolisent leur caractères propres, donjons étriqués de leurs pensées tournées vers elles-mêmes, égo trip égo brique. Des mondes auto-centrés, des royaumes enchantés où elles règnent en robes de deuil.. Elles font tempête sur Blobby, qui se met à jaillir. A vomir comme une fontaine détraquée. Il régurgite le liquide qui coule dans rivière en ébullition et qui reviendra nourrir les trois moires, dans le noir de la nuit, dans les ténèbres du jour le plus long. Et de temps en temps quand le bruit de leur turbulences colériques remonte à la surface, ces trois phares inversés de leur conscience s'allument, les empêchant de sombrer à nouveau dans la démence.
Les lumières se rallument, les cendres flottent dans le Coca plat, les femmes semblent échouées sous leur casque, les dernières petites ampoules clignotent et Blobby semble déjà mort.  

 

                                                                                Laurie Charles

bottom of page