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Intronisation au Club V

2017
Performance au bar du Lagardère à Caylus

Réalisée grâce au soutien de l’Aide Individuelle à la Création de la DRAC Occitanie et le

concours de La cuisine, centre d’art et de design à Nègrepelisse

Avec la Collaboration de :

Mise en scène : Charlotte Villard

Vidéo : David Pagnoux, Yoann Quante

Scénographie : Françoise Bernon, Carole Couderc, Anne-Dominique Lamotte et Lou-Andréa Lassalle

Masques : Lou-Andréa Lassalle

Mise en musique : Elodie Thellier-Manchado

Paroles : Romain Juan

Acteurs masqués et chantants : Colin Castell, Elodie Thellier-Manchado, Bob Etzy et Caroline Marc

[Vidéo à venir]

 " Il fait déjà sombre, quand j’arrive à Caylus. Le brouillard épais qui monte du lac se dissipe lentement dans les rues froides du village, se heurtant aux pierres et aux fissures du temps.

La route sinueuse qui descend dans la vallée est prise dans un flux continu de camions et de voitures, éclairée par les lumières des maisons qui scintillent derrière les fenêtres embuées. Les moteurs résonnent au loin. Des chats errent en silence dans les venelles obscures. Les arbres nus grelottent sur les pans du cirque, laissant passer le vent qui s’engouffre vers le cœur du hameau. Au détour d’une ruelle étroite, une halle et son parking désert. Je pousse la porte du Lagardère, le bar qui fait l’angle.

  Une bouffée de chaleur suave, une odeur de bière tiède, des rires emportés. Des hommes et des femmes accoudés au comptoir tournent tous la tête, l’air hagard. Des habitués m’accueillent à leurs côtés. Ils ont tous accroché à leur veste, des écussons brodés appartenant à une même communauté, le Caylus Culture Club. 

  Des étoiles, bleues. 

  Des motifs au trait noir sur fond blanc. 

  Un château dont sortent des flammes, rouges. 

  L’histoire débute par la réunion informelle d’une confrérie sur fond de campagne, et est interrompue par l’arrivée d’une inconnue. Il s’avère par la suite que celle-ci permet au récit de continuer.

  Un des types attablé au comptoir se met soudain à chantonner dans sa barbe. Un de ses compagnons de gauche semble s’être agité un peu. Il gigote sur sa chaise, animé de l’intérieur par la mélodie, il continue le refrain. Bientôt un chorus de voix fortes envahi les lieux. Pas vraiment contrôlée, entre deux gorgées, l’hymne reprend. Quelques militaires continuent leur partie de billard en ajoutant la voix grave au milieu des boules perdues. 

  Cette véritable ivresse sonore me laisse dans un état de contemplation. Je parcours minutieusement le décor de la scène. Des banderoles scandent les slogans du club. Sur les murs sont accrochés d’étranges panneaux en bois peints qui semblent décrire une épopée en plusieurs actes. Un sanglier sanglotant dans un berceau porte la robe d’une petite fille. Des chasseurs armés brandissent un javelot au bout duquel trône, ensanglantée, la tête de l’animal. Deux autres sangliers se poursuivent dans les bois. Une jeune femme aux cheveux longs tient sur sa robe empourprée le trophée de la bête noire. Son visage si triste et amoureux détient en lui le mystère du drame.    

  Comme de vieux contes noirs racontés au coin du feu. Quand au fur et à mesure que la description du paysage s’échafaude, l’on se met à apercevoir des malformations dans la nature alentour. 

  Qu’est-ce qui fait que tout d’un coup la réalité se déforme, que le sens des choses prend un autre chemin que celui qu’on aurait espéré…

  Un des hommes me tape sur l’épaule, « who are you  » me dit-il, avec son accent anglais. Le chant s’est arrêté là et les verres se remplissent à nouveau. "

 

                                                                                                                                                      Laurie Charles

Karaoké du chant du Caylus Culture Club version chant de supporter :

Paroles : Romain Juan

Mise en musique : Elodie Thellier-Manchado

Le Caylus Culture Club remplit le Lagardère
Après le vernissage de son travail personnel Salomé III à la Cuisine, centre d'art et de design à Nègrepelisse (visible jusqu'au 14 mai), Lou-Andréa Lassalle recevait samedi 4 février à domicile. Les amateurs de performance d'art contemporain n'ont pas pu tous entrer dans le café le Lagardère où se déroulait l'événement.
Les rites perpétués dans l’Art Contemporain
Des masques, l'icône du sanglier-Garou, les tableaux illustrant la légende, du bleu-blanc-rouge d'identification, la psalmodie d'un hymne, toute la représentation d'un mythe fondateur était au rendez-vous.
«Transmettant les mythes fondateurs, les vérités sacrées, les rituels traditionnels avaient pour fonction de réactualiser une mémoire collective, d’inscrire chacun dans un récit porteur de sens et de lien social. Les rites de nos sociétés actuelles s’éloignent du sacré et de leur rôle cathartique, laissant chacun s’approprier certains éléments, les recomposer, les modifier (…) Certains artistes font de leur art un rituel, avec la volonté, au travers de performances, de retrouver des pratiques et reconstruire du lien social.» Adapté de Michèle Fellous, CNRS, À la recherche de nouveaux rites
«Le grand problème de l’art est d’arriver à dire l’histoire de votre village, tout en faisant en sorte que votre village devienne le village de chacun.» Christian Boltanski
Et Lou-Andréa Lassalle créa le Caylus Culture Club
«J’ai grandi entourée de légendes. Les fêtes, les moissons, le carnaval, les défilés aux flambeaux, le solstice d’été, les célébrations païennes ou chrétiennes rassemblaient la communauté rurale. On portait les lampions ou les rameaux avec la même ferveur complice dans les regards.
Mais le village a changé, les traditions sont devenues folklore.
Et une intuition m’a poussée à mêler une étape de mon travail artistique à la vie du village. J’ai voulu réinventer une communauté tribale, semi-secrète, défilant dans les rues de Caylus. On y verrait les esprits d’un mysticisme païen mondialisé, dont on ne sait s’il faut le craindre ou le vénérer, portant des masques et les couleurs bleu blanc rouge de la France.»         

                                                                                                                                                              Joan Pericas

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